« Douceur hivernale » – Sadko & Sebastián Picker

Du 24 janvier au 13 mai 2023

SADKO, Ambassadrice, bronze, 10,5 x 10 x 80 cm (détail)
© Galerie de Buci

SADKO

Né en 1945 à Paris, Andreï Sadko est un artiste d’origine russe. Ami du sculpteur Zadkine ou encore du peintre Annenkov auprès de qui il se forme, il s’est toujours considéré comme un « russe à Paris ». Son univers artistique unique s’inspire de la pensée écologique, alors même que ce mot n’était pas aussi puissant qu’aujourd’hui.

Ses sculptures sont toujours habitées par des personnages — féminins comme masculins — qui évoluent dans des environnements auxquels ils donnent sens. Porteuses de messages, ces œuvres aux lignes épurées sont tout aussi visuelles que sculpturales. Elles balancent entre équilibre et déséquilibre, entre l’Homme et son environnement. Véritable poète de l’espace, Sadko fait part de son univers spirituel aux spectateurs, tout en les confrontant directement à leur place dans le macrocosme du Monde.

« Plus jeune, j’ai commencé par la terre, puis, j’ai découvert la pierre. […] Je m’en suis encore éloigné pour affiner mes réalisations. Et si mon univers n’a pas changé, il cherche à tendre vers la dématérialisation. »

SADKO, Propos issus d’un entretien pour Russia Beyond The Headlines.

Un dualisme entre la matière et le spirituel se créer à travers les sculptures d’Andreï Sadko. Véritables odes poétiques, ces dernières sont des trajectoires, des situations, des réflexions aux quelles l’Homme doit faire face. À la casquette d’artiste de Sadko s’ajoute celle du philosophe et du poète.

« Bien sûr, l’élévation est un idéal. La fonction de l’art n’est pas ou pas seulement de provoquer, de faire rire… Elle est de nous élever. »

Sadko nous a quitté le 18 décembre 2016.

SADKO, Nous restons ensemble, bronze, 5,7 x 11,7 x 35,5 cm (détail)
© Galerie de Buci

SEBASTIÁN PICKER

Picker est né en 1956, à Santiago du Chili. Le coup d’État de 1973 le condamne à l’exil. Il s’installe alors aux États-Unis avec son frère, à l’âge de 17 ans, où il reçoit une formation dans le domaine artistique. Il obtient son premier diplôme en 1984 à Boston.

Dès son plus jeune âge, Sebastian Picker dessine et réalise des caricatures. Un procédé qui ne le quitta jamais totalement. Après une formation à Boston il se dirige vers la peinture et y introduit la dimension satirique, héritée de ses jeunes années, qu’il retranscrit à travers un personnage rondouillard. Un motif répétitif, se déclinant aussi bien au masculin qu’au féminin, qui parait généralement se tenir dans un espace aseptisé aux lumières artificielles. Ce personnage représente à la fois une pensée historique et sociale, ainsi qu’une critique affirmée de l’Homme contemporain.

Ce sont les travers et les aspects désolant d’une société moderne que sa peinture permet alors d’explorer. Le personnage est aussi responsable, initiateur des drames que victime. Une dualité qui se ressent dans le traitement pictural du sujet : en grisaille et livide, il est l’expression d’un système subi. En revanche, le costume noir accompagné de sa cravate soulignent les petits triomphes d’un Homme.

Sebastián PICKER, Mummy, 2011, huile sur toile, 40 x 40 cm (détail)
© Galerie de Buci

Ces espaces vides de toutes informations géographiques et temporelles sont tout de même occupés. Le journal d’information est un motif récurrent — les pages de presses formant des structures enveloppantes géométriques qui symbolisent le flot et la densité d’une actualité dont on devine aisément la nature. Entre le noir et blanc, les camaïeux de bruns ou de gris, hommes et femmes en action se dessinent, comme noyés au cœur de la société de consommation. Les personnages paraissent assaillis, campés dans des dispositifs où le dessins joue un rôle d’effacement et d’affaiblissement de la vitalité même. C’est donc par des symboles nets et une économie apparente de moyens que Picker traduit l’état de notre société et ce qui active ses rouages. La figure y est toujours esseulée, dans la solitude éprouvée face aux désastres liés à l’histoire de la seconde moitié du XXe siècle.

Les espaces picturaux sont, quant à eux, toujours minimaux et font se rencontrer deux cultures picturales typiques de l’Amérique du Sud ; l’art concret minimaliste et la peinture naïve. Le traitement de l’espace est une des problématiques essentielles de son art. Elle permet de souligner un sentiment de claustration, tel que de nombreux peintres des années 1970 l’ont également abordée.

Sebastián PICKER, Pope, 2011, huile sur toile, 60 x 60 cm (détail)
© Galerie de Buci

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