OSCAR RABINE

La reconnaissance de l’œuvre d’Oscar Rabin est arrivée très rapidement après sa première exposition à Londres, en 1965. Cela est en partie dû grâce à son parcours de vie, mais aussi grâce à son art, l’un comme l’autre alternatifs.

En 1970, il devient le leader de l’art alternatif soviétique et organise l’Exposition bulldozer, partant d’une volonté d’artistes underground d’exposer leur travail librement et sans censure. La tentative a échoué, puisque l’exposition fût détruite : une demi-heure après le début de l’exposition sur le terrain vague où elle devait se tenir, des bulldozers, lances à eau, camions à benne et une centaine de policiers civils furent envoyés et commencèrent à restreindre l’accès aux artistes et au public. Certains des tableaux furent confisqués.

Si la peinture d’Oscar Rabine est novatrice, elle joue avec les genres. Les représentations de paysages, les natures mortes, les portraits… Tant de motifs classiques que le peintre ne cesse de revisiter.

Les lignes brisées expressives, les contours noirs, le coloris sombre et sans lumière… Rabin créé ainsi de poignants symboles du mode de vie existentiel soviétique, toute cette vie misérable dans des baraques en bois qui lui était familière.

Galine Jikhoreva pour la Russie d’aujourd’hui

Des harengs sur un journal, des bouteilles de vodka, un tapis à l’image de Staline, des lampes à pétrole, des mégots de cigarettes, des choses inhabituelles… Des objets du quotidien rassemblés comme par hasard et qui pourtant parlent d’une réalité plus proche du sombre Manuscrit du souterrain de Dostoïevski que de l’optimisme officiel du réalisme socialiste.

Il faudra attendre les années 2000 pour que l’art de Rabine revienne en Russie.Aujourd’hui, les « images » de Rabine sont rassemblées dans les collections de la Galerie Tretiakov de Moscou et du Musée Russe de St-Petersburg. En 2017, l’artiste a été décoré par l’Académie russe des arts « Pour le service de l’art ».